De la soumission aux Empires aux indépendances

Grâce à une succession de mariages et de prouesses diplomatiques, l’empire des Habsbourg (1273-1918) a longtemps régné sur l’Europe centrale. Face à l’hétérogénéité des peuples sous sa tutelle, il fut dénommé « la Prison des Peuples », la cohésion du régime étant assurée par son caractère autocratique. Le « Printemps des Peuples », marque cependant la prise de conscience par des dizaines de peuples en Europe de leur identité nationale. Les Russes offrent leur soutien aux Autrichiens pour écraser la révolte hongroise de 1848, mais, affaiblie, l’Autriche ne peut éviter en 1867 le « Compromis austro-hongrois ». L’empire est alors partagé en deux Etats, l’Autriche (la Cisleithanie) et la Hongrie (la Transleithanie), ce qui le consolidera un certain temps, les Hongrois reprenant à leur compte la centralisation impériale et allant même jusqu’à tenter de magyariser les populations sous leur domination, notamment croates et slovaques.

Au sud de l’Europe, l’Empire ottoman (1350-1918), en guerre sur plusieurs fronts, se disloque fortement à partir du début du XIXe siècle. Le Congrès de Berlin en 1878 consacre à ses dépens l’indépendance de la Roumanie [2], de la Serbie et du Monténégro, ainsi que la constitution en principauté autonome de la Bulgarie et de la Roumélie orientale, réunies de fait dès 1885. Le Traité de Versailles et les autres accords de paix concluant la Première Guerre mondiale achèvent l’émancipation des peuples d’Europe centrale et orientale aux dépens de l’Autriche-Hongrie, des restes de l’Empire ottoman, de la Russie et de l’Allemagne. Une dizaine de nouveaux Etats voient le jour : certaines nations retrouvent une indépendance perdue depuis plusieurs siècles ou y accèdent pour la première fois tandis que d’autres sont intégrées au sein de fédérations d’Etats regroupant des peuples très différents [3].

Au nord-est de l’Europe, la Lituanie est ressuscitée et deux nouveaux Etats sont créés : la Lettonie et l’Estonie. Au sud-est, le royaume des Croates, des Serbes et des Slovènes réunit, autour d’une Serbie agrandie, des peuples slaves du Sud sans grande homogénéité [4]. Les Albanais possèdent également leur propre Etat. Au centre-est de l’Europe, la Pologne reconstituée et la Roumanie unifiée voient leur territoire s’agrandir considérablement. La Tchécoslovaquie regroupe les Tchèques et les Slovaques dans un Etat basé non pas sur les réalités humaines de l’époque mais sur les frontières historiques de la Bohême, ce qui revient à y inclure cinq millions d’Allemands et de Hongrois. Ces derniers perdent les deux tiers de leur territoire et la moitié de leur population. Ayant suivi l’Allemagne dans la Première Guerre mondiale, puis dans la seconde, ils sont, avec dans une moindre mesure les Bulgares, les grands perdants de la constitution de cette nouvelle Europe.


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[2] L’unité de la Roumanie datait de 1862, à la suite de la fusion de la Moldavie et de la Valachie.

[3] La mise en place définitive des frontières a demandé plusieurs années, d’autant que certains territoires avaient vu cohabiter de nombreux peuples pendant des siècles.

[4] Pendant près de quatre-vingts ans, le royaume des Croates, des Serbes et des Slovènes puis la Yougoslavie ont entrepris, sans succès, d’homogénéiser le développement de régions se basant sur des héritages distincts. Aujourd’hui la Slovénie et, dans une certaine mesure, la Croatie ont réintégré l’Europe du centre et de l’ouest avec lesquelles leurs liens sont profondément tissés dans l’histoire, au contraire de la Fédération de Serbie-Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine et de la Macédoine, qui furent lourdement influencées par le joug ottoman.

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